La quantité semble impressionnante: l’investissement qu’Eurostar souhaite réaliser pour renouveler son matériel roulant pourrait porter sur un maximum de 50 trains à grande vitesse. En absolu, c’est beaucoup, presque la moitié du parc mis en service par la SNCF dans les années 1980 pour lancer le TGV Sud-est. Mais par rapport aux besoins du « nouvel » Eurostar, qui regroupe depuis l’automne dernier les relations transmanche et les trains à grande vitesse entre Paris, le Benelux et l’ouest de l’Allemagne, un tel parc n’est pas disproportionné.
En effet, à l’exception de 17 rames transmanche e320 construites par Siemens au cours de la décennie précédente, le parc actuel d’Eurostar remonte pour l’essentiel au début ou au milieu des années 1990. Il reste, d’une part, 8 rames transmanche e300 (ex-TMST, 750 sièges) et, d’autre part,17 ramesPBKA (Paris Bruxelles Cologne Amsterdam, offrant entre 371 et 399 sièges) et 9 PBA (Paris Bruxelles Amsterdam, 371 sièges) héritées de Thalys. A priori, ce sont 34 rames à un niveau qu’Eurostar doit remplacer d’ici quelques années par 50, mais à y regarder de plus près, du fait que les rames e300 « comptent double » avec leurs 18 voitures, c’est plutôt l’équivalent de 42 trains à grande vitesse « standard » de 200 m qu’il faudra remplacer.
Qu’elle soit de 8 ou de 16 rames, la différence entre le parc actuel et le parc dont disposera Eurostar lorsque 50 nouvelles rames s’ajouteront aux 17 e320 sera très utile dans une perspective d’un développement de l’offre. Un développement « motivé par la demande croissante de voyages durables », selon Eurostar, qui veut être en capacité d’accueillir 30 millions de voyageurs annuels d’ici 2030. Soit une hausse de 61 % par rapport aux 18,6 millions de voyageurs transportés en 2023, année qui a vu un retour à une fréquentation comparable aux années pré- cédant la pandémie. L’adaptation à une hausse de la demande sera sans doute plus facile avec les 50 nouvelles rames, qui devront relier les cinq pays desservis par Eurostar (en se contentant de la ligne nouvelle HS1 vers Londres pour ce qui est de la Grande-Bretagne). Ceci lors que le parc actuel est spécialisé dans les relations transmanche, d’une part, et dans les anciennes dessertes Thalys, d’autre part.
À quoi ressembleront les nouveaux trains d’Eurostar ?
Difficile à dire pour l’heure, car « les éléments détaillés de conception restent à confirmer », selon l’opérateur, dont l’objectif est de mettre en service les premiers nouveaux trains « au début des années 2030 ». Eurostar ajoute que ses clients et son personnel « seront sollicités pour la conception, qui vise à être la plus écoresponsable ». En particulier, le nouveau parc devra avoir « une meilleure performance énergétique » que le parc actuel, objectif assez réaliste lorsque l’on constate les progrès spectaculaires réalisés en la matière depuis la mise en service des rames à remplacer, il y a quelque trois décennies.
Cela portera la taille totale de la flotte à 67 trains, soit une augmentation de 30% par rapport aux 51 trains actuellement en service à Eurostar.
La demande pour les services Eurostar est énorme et l’opérateur à grande vitesse a de grandes ambitions européennes.
Eurostar étudie plusieurs options et en parlera bientôt au marché. Aucune décision n’a été prise pour l’instant.
Rappelons qu’à l’heure actuelle, Eurostar exploite des services directs entre Londres-St Pancras et Paris-Nord, Lille, Bruxelles, Rotterdam et Amsterdam, et des services de correspondance à Bruxelles vers l’Allemagne.
Bravo Madame Gwendoline Cazenave!
Le fait que les nouveaux trains fassent la une des journaux tant en Angleterre qu’en France soulève d’intéressantes questions économiques. En France (ou en Belgique, où se trouve le siège d’Eurostar), une société détenue majoritairement par l’État français lance un appel d’offres pour 50 nouveaux Eurostars. Vont-ils privilégier la société française Alstom parce qu’elle crée des emplois en France, ou vont-ils se tourner vers Siemens, située en Allemagne, mais qui peut offrir une qualité et un prix supérieurs? En Angleterre, le nouvel achat servira-t-il à créer davantage d’emplois à Derby (Alstom – également une entreprise française) ou éventuellement à Newton Aycliffe, Co Durham (Hitachi)?