La négociation n’a pas toujours été facile, mais Poitiers se considère au bout du compte bien traitée par la grande vitesse. Pour Alain Claeys, maire socialiste depuis 2008, « nous sommes dans une économie de flux et, c’est une banalité que de le dire aujourd’hui, une agglomération qui n’est pas sur des flux est en grand danger, qu’il s’agisse du chemin de fer, d’un aéroport ou du très haut débit ». S’agissant du ferroviaire, Poitiers est selon son maire « privilégié ». La porte d’entrée de la Nouvelle- Aquitaine jouit déjà d’une bonne desserte, qui va se trouver « renforcée », dit-il : 16 allers-retours avec Paris, certains en 1 heure 15, soit un gain de dix minutes. Qui plus est les liaisons avec Bordeaux, en 1 heure 05 pour les meilleurs trains, seront bonnes aussi. Renforcée, la liaison avec Paris ? Plus grande vitesse devrait renforcer l’attractivité de la ville. Surtout qu’un danger a été écarté. La desserte ne va pas se disperser. Il n’y a pas de gare sur la ligne nouvelle, comme cela a été à un moment évoqué, quelque part entre Châtellerault et Poitiers. Alain Claeys s’en réjouit, d’autant qu’à titre personnel, il lui arrive de pratiquer la gare Lorraine, entre Metz et Nancy, et qu’il en remarque plutôt les désagréments.
La desserte de Poitiers, étant bonne, devrait permettre à la ville de jouer de bons atouts. À commencer par les prix du foncier et du logement, attractifs quand on les compare aux prix de Bordeaux, qui s’envolent, sans parler de Paris. De quoi attirer, estime Alain Claeys, des start-up, ou des entreprises d’une centaine de salariés. Start-up, c’est jeune et numérique et cela va bien à une agglomération qui compte 25 000 étudiants sur près de 200 000 habitants. Mais être dans le numérique, aujourd’hui, cela ne suffit pas.« Il faut trouver une niche », dit Alain Claeys. Et la niche, ici, se tient selon lui entre les jeux et l’éducatif. À quelques kilomètres de là, le Futuroscope, que fréquentent chaque année deux millions de visiteurs, présente cet aspect ludique et pédagogique. Et accueille chaque année des équipes de « sport électronique » qui s’affrontent lors du Gamers Assembly. Pour l’éducation, Poitiers accueille déjà deux opérateurs publics – moins ludiques –, le Centre national d’enseignement à distance (Cned) ainsi que le réseau de création et d’accompagnement pédagogique, éditeur de logiciels, Canopé.
Pas de grands travaux à l’approche de la grande vitesse dans la gare d’aujourd’hui. Ni dans ses abords immédiats. L’essentiel a été fait au fil des ans. Les vélos en location, les cars interurbains, les bus, le BHNS, tout arrive près de la gare, conçue comme pôle multimodal. Les TER jouent un rôle important. Par exemple la relation Lusignan – Poitiers, très fréquentée par des usagers qui viennent le matin travailler à Poitiers, ou prendre le TGV pour Paris. Le maire signale d’ailleurs un « point de vigilance » à propos des TER, qui dépendent maintenant de la grande région Nouvelle-Aquitaine. Quant au projet de transformation du quartier de la gare, esquissé en 2010 par Ateliers Lion architectes urbanistes, il fixe quelques principes pour repenser ce quartier : requalifier le boulevard desservant la gare en le mettant à l’échelle du piéton ou du cycliste, faire émerger la Boivre, sous-affluent de la Loire qui se jette dans le Clain à Poitiers, et créer un « quartier d’eau ». La mise en oeuvre dépend maintenant de la décision de financeurs et de promoteurs. Vont-ils venir avec le TGV ?