En Bourgogne, Greg Marshall, un Américain passionné de trains et de patrimoine, a redonné vie à une petite gare de l’ancien réseau du PLM qui était à l’abandon. Bienvenue à bord du Train des rêves, à Dracy-Saint-Loup !
Des locomotives à vapeur du début du XXe siècle, trois wagons-lits de la CIWL, une élégante voiture-restaurant du Mistral datant de 1953… À quelques kilomètres d’Autun, en Saône-et- Loire, l’ancienne petite gare PLM de Dracy-Saint-Loup, ouverte en 1882 et fermée en 2011, a repris vie grâce à… un Américain, Gregory Marshall, qui souhaitait initialement transformer le lieu en Bed & Breakfast. À 71 ans (son dynamisme laisse penser qu’il a dix ans de moins), ce passionné de patrimoine et de chemin de fer mène avec ténacité son projet du Train des rêves.
Deux locomotives, huit voitures
Installé en France depuis 2003, Gregory Marshall faisait partie, lorsqu’il vivait outre-Atlantique, d’organisations américaines de défense du patrimoine. À son actif, la préservation de la dernière maison de l’aviateur Charles Lindbergh à Hawaï en vue de la reconstruire, peut-être, en Saône-et-Loire… Ancien marine de l’armée américaine, Gregory Marshall a aussi fait partie de la California Highway Patrol, la célèbre police de l’ouest des États-Unis. Ensuite, il a gagné de l’argent grâce à des brevets dans le secteur des télé-communications. Son intérêt pour le patrimoine historique n’a jamais faibli, y compris lorsqu’il a décidé de vivre en France. « Lorsque j’ai fait l’acquisition de la gare de Dracy-Saint- Loup auprès de la SNCF en septembre 2016, le bâtiment était complètement délabré, au milieu d’un terrain vague. Mais cela ne m’a pas découragé », commente-t-il. Les travaux de restauration ont été considérables. Aujourd’hui, c’est par la majestueuse allée des Grands Arbres, longue de 200 mètres, que les visiteurs accèdent au lieu et découvrent la gare totalement restaurée, sa billetterie et sa salle d’attente, transformée en café-bar.
Entre fin 2016 et aujourd’hui, le projet d’origine a pris une grande ampleur puisque le Train des rêves compte aujourd’hui huit voitures et wagons et deux locomotives à vapeur installés en statique. Le nouveau « chef de gare » dit aimer les trains depuis l’enfance et se souvient très bien du premier modèle réduit offert par son père lorsqu’il avait 5-6 ans. Aujourd’hui, il est ravi de collectionner les originaux grandeur nature… Sa deuxième locomotive, par exemple, une belle Meuse 030 T de 1916, provient d’un musée belge. « Presque tous les gens de mon âge, un peu plus vieux ou un peu plus jeunes, se souviennent des trains à vapeur, mais dans les musées traditionnels, les visiteurs ne peuvent pas monter à bord des voitures ou wagons », explique-t-il. « Au contraire, mon projet consiste à terme à leur permettre de profiter pleinement de leur visite, y compris pour les personnes à mobilité réduite. » Dans la voiture-restaurant du Mistral, un menu « Orient-Express » ou « Trans Europe Express » est servi sous la houlette de Gregory Godessart, gérant. Ladite voiture peut accueillir jusqu’à cinquante-deux convives. D’ici quelque temps, les clients pourront choisir de dormir dans des chambres confortables, au choix à l’étage de la gare ou dans les cabines du wagon-lits de l’Orient-Express. « Bientôt, nous allons installer un grand spa-jacuzzi dans l’ancien poste d’aiguillage », précise Greg Marshall. S’il reconnaît que cette aventure coûtera plus cher que les 200 000 euros qu’il comptait investir au départ, il entend bien voir la gare et le matériel roulant classés Monuments historiques. Il vit actuellement près de Dijon en attendant de dénicher « une voiture à deux étages » pour en faire sa résidence principale à la gare de Dracy-Saint-Loup. Infatigable, il est aussi membre d’un Club de collectionneurs de 2CV. Il en possède plusieurs, dont deux qu’il a spécialement adaptées pour pouvoir rouler sur des rails. Et deux autres 2CV Rétro dont à disposition des touristes pour partir en pique- nique ou visiter le pays des vins de Bourgogne.
Le musée de l’Histoire du PLM
Le musée que cet amoureux du patrimoine historique a également créé sur place est installé dans un ancien wagon de sa collection. Ce petit musée retrace l’histoire du PLM à travers les guerres : scènes de vie du PLM, des soldats des deux conflits mondiaux en partance ou de retour du front, drapeaux, insignes ou encore art des tranchées : briquets, vases et autres objets fabriqués par les soldats avec des obus d’artillerie (art des tranchées). La collection de plus de trois cents objets du PLM réunit des uniformes et casquettes de cheminots, un téléphone de chef de gare, des lanternes, de la vaisselle estampillée CIWL, des lampes, du mobilier… Même si les trains ne partent plus de la petite gare, les anciens de Dracy-Saint-Loup, village de 600 habitants, se réjouissent à l’idée que le lieu renaisse. « Il y a quelques jours, une vieille dame de 95 ans, qui, autrefois, prenait le train ici, est venue visiter. Et elle a vraiment aimé ! »
Rens. : www.traindesreves.com