Mon premier est Michel Cozic, un passionné de l’histoire de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits. Mon deuxième est le célèbre Train Bleu qui transportait autrefois ses passagers de Paris à Vintimille via Nice. Mon troisième est l’échelle 0, bien connue des modélistes ferroviaires. Mon tout donne un splendide réseau miniature soigné jusque dans les moindres détails et plein de vie.
C’est une gare parisienne typique, adossée au viaduc de Daumesnil dans le XIIe arrondissement, magnifiquement représentée à l’échelle 1/43 (0) et qui rendrait jaloux bien des modélistes ferroviaires… Ce réseau, doté de dimensions plus que respectables – 10 m x 1,40 m – fait la fierté de Michel Cozic, passionné par l’histoire de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, alias la CIWL (lire LVDR n° 3792) et grand collectionneur devant l’Eternel. « La façade de la gare, est une reproduction de celle de Saint-Ouen sur la Petite Ceinture », explique- t-il. Pour représenter les immeubles haussmanniens de l’avenue Daumesnil, il s’est procuré un immense tirage photo sur toile (15 mètres de long !) qui fait illusion pour ce splendide réseau du monde du « Zéro », conçu dans la veine de ceux de Marcel Darphin (décédé en 2016) et de son épouse Astrid Cachin, modéliste professionnelle (les connaisseurs savent que les créations du couple ont fait l’objet d’un livre intitulé Le Monde merveilleux des trains miniatures d’Astrid Cachin et Marcel Darphin paru aux Ed. LR Presse). « J’ai fait les plans de mon réseau au 1/10e, puis fait appel à un spécialiste pour le montage des voies… avec pas moins de 21 aiguillages ! », raconte Michel Cozic. La scène, censée se dérouler en début de soirée avant le départ du Train Bleu (Paris – Nice – Vintimille) de la CIWL, est très vivante. Sur le quai équipé de candélabres, des passagers s’adressent au conducteur de la CIWL en tenant leur chien en laisse. Stationnées sur les rails, trois voitures-lits à la livrée bleu nuit sont attelées à une locomotive et prêtes pour le départ. Toujours sur le quai, un autre couple de passagers s’apprête à faire des achats à la buvette ambulante avant d’entamer leur voyage de nuit. Des bagagistes s’affairent en plusieurs endroits. D’autres voyageurs patientent assis sur des bancs, d’autres encore empruntent le passage souterrain situé sous les voies ferrées. L’un des côtés de la gare est flanqué d’une borne d’incendie et d’une colonne Morris sur laquelle des affiches colorées informent les passants des spectacles à ne pas manquer dans la Ville Lumière. A proximité trône une vespasienne. Au niveau supérieur, surplombant la scène, la ligne de la Bastille accueille un train de marchandises tracté par une locomotive à vapeur.
La deuxième partie du réseau représente le dépôt, doté d’une plaque tournante et d’une grue hydraulique, qui est manoeuvrée par plusieurs cheminots en bleu de travail (il s’agit de figurines Omen). Un autorail Picasso, un Renault ABJ et une locomotive à vapeur, la 141 TA 333, sont garés. Sans oublier le poste d’aiguillage, dont les vitres laissent voir un aiguilleur en train d’actionner les leviers Saxby. Et dans l’atelier, un établi, un tour et une fraiseuse sont à leur place. « Mais je vais encore améliorer en ajoutant quelques détails », annonce Michel Cozic, trahissant un petit côté perfectionniste. « Quand on aime, on ne compte pas… ce n’est jamais fini ! », reconnaît celui qui ne se considère pas comme « un compte-boulons » mais un passionné soucieux de recréer un environnement historique et d’obtenir un résultat « vivant, animé ». Objectif atteint ! La ville, troisième partie du réseau, est brillamment mise en scène grâce à mille et un détails : figurines variées (employés des chemins de fer, voyageurs, piétons, clients et chef cuisinier du restaurant, facteur relevant une boîte aux lettres, motards de la police ou en side-car, golfeur portant son sac de golf garni de clubs), réverbères et arbres sur les trottoirs, feux tricolores, affiches publicitaires montrant le bébé Cadum, le zouave de Banania, le bonhomme de Dubonnet (« Dubo, Dubon, Dubonnet »), le célèbre losange jaune et noir du constructeur automobile Renault. Et puis, des véhicules de toutes sortes – 2 CV, 4 CV, Panhard, Dauphine, TUB Citroën, taxis 404 Peugeot et Simca Chambord, tous deux à la carrosserie rouge et noire, camionnettes de livraison (Isigny, Nicolas), autobus, autocars, motos, camions –, le tout illustrant une authentique scène de vie. Un voyageur qui sort de la gare hèle un taxi. Face à l’entrée de la gare, un policier est en faction devant le commissariat. Un technicien perché en haut d’un poteau télégraphique effectue une réparation. Un prêtre en soutane salue une religieuse coiffée de sa cornette immaculée. Au niveau supérieur, le restaurant L’Escarbille (1 étoile au Michelin) a installé les parasols sur sa terrasse et, depuis le pas de la porte, le chef cuisinier guette ses prochains clients qui, c’est certain, se régaleront…
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