C’est sur la ligne desservant le val Camonica, dans le nord-est de la Lombardie, que l’exploitant Trenord envisage de lancer dans trois ans le premier service régulier assuré par un train à hydrogène en Italie. Dans le cadre de ce projet, la production du combustible sera locale.
Après les plaines de Basse-Saxe, dans le nord de l’Allemagne, le val Camonica, dans le nord de l’Italie, va-t-il devenir la prochaine vitrine du train à hydrogène ? C’est en tout cas ce que veulent les Chemins de fer du Nord-Milan (Ferrovie Nord Milano, FNM) et leur filiale Trenord, détenue en commun avec Trenitalia, en lançant leur projet H2iseO, qui porte sur la mise en service, sur la ligne de Brescia à Edolo via Iseo (103 km), dans le nord-est de la Lombardie, de trains à pile à combustible à hydrogène – en remplacement des autorails actuels (du type ALn 668, construits en 1979) – et la construction d’une unité de production de l’hydrogène nécessaire. Ceci afin de faire du val Camonica, desservi par cette ligne, la « Hydrogen Valley italienne ».
Un matériel roulant déjà connu en version électrique
Pour ce qui est du train, c’est Alstom, producteur de l’iLint en Basse-Saxe, qui a été retenu, avec un matériel roulant qui commence à être connu en Italie : les rames Coradia Stream, alias Donizetti dans le parc Trenord. Alstom fournira ainsi aux FNM six Coradia Stream en version à pile à combustible à hydrogène, avec une option pour huit autres, pour un montant total d’environ 160 millions d’euros. La livraison des trains est prévue dans les 36 mois suivant la date de la commande, c’est-à-dire d’ici à la fin 2023, les FNM les mettant alors en location auprès de Trenord.
Le fait que les futurs trains à pile à combustible soient largement similaires aux automotrices électriques Donizetti déjà en service à Trenord a été un facteur important dans le choix des FNM, qui permet de réduire les délais de livraison et de réaliser d’éventuelles synergies dans le domaine de la maintenance. Ces trains sont essentiellement produits par Alstom en Italie, le développement du projet, la plupart des fabrications et la certification étant effectués sur le site de Savigliano, alors que la signalisation embarquée est livrée par le site de Bologne. Quatre sites français d’Alstom contribueront également à la conception et à la fabrication de ces trains : Tarbes pour les chaines de traction hydrogène, Ornans pour les moteurs de traction, Villeurbanne pour les systèmes électroniques embarqués et Saint-Ouen pour la conception des trains. Alstom précise que le Coradia Stream à hydrogène pour les FNM « sera équipé de la même technologie de propulsion par pile à combustible que celle qui a été introduite dans le monde par le Coradia iLint » et que « la version à hydrogène égalera les performances opérationnelles des trains diesel, y compris leur autonomie ».
De l’hydrogène « bleu », produit localement
Pour ce qui est de l’hydrogène, le conseil d’administration des FNM a également analysé, à titre préliminaire, la faisabilité de nouvelles installations de production, de stockage et de distribution. Le choix s’est porté sur une production d’hydrogène bleu, c’est-à-dire de combustible obtenu à partir du (bio) méthane par vaporeformage, avec récupération du CO2 produit par ce procédé pour un usage ultérieur (ce dernier point distingue l’hydrogène bleu du gris). La première structure doit être construite par les FNM à Iseo entre 2021 et 2023, sur le site du dépôt Trenord. Et d’ici 2025, un ou deux électrolyseurs pourraient être installés pour la production et la distribution d’hydrogène vert, cette fois, car utilisant de l’électricité produite par une source d’énergie renouvelable.
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