Le National Railway Museum devait ouvrir son exposition temporaire baptisée Transsibérien – Le plus long chemin de fer du monde, organisée en partenariat avec les RZD, les chemins de fer russes. Un évènement important pour le musée ferroviaire britannique. Cette grande exposition était prévue de longue date et devait « explorer la construction, l’histoire et l’impact culturel » de la plus longue liaison ferroviaire du monde sans interruption. De la capitale Moscou, à Vladivostok sur la côte du Pacifique, elle s’étend sur 9 289 km et traverse huit fuseaux horaires. Inaugurée le 5 octobre 1916 avec l’ouverture du pont de Khabarovsk qui franchit le fleuve Amour, cette réalisation ferroviaire est mythique.
Tout d’abord programmée le 5 octobre 2021 pour marquer le 105e anniversaire de l’achèvement de la ligne, elle avait été décalée pour cause de pandémie mondiale. Elle devait finalement ouvrir dans le courant du mois de mars. Ce ne sera pas les cas. En réaction, à l’invasion russe de l’Ukraine, le musée ferroviaire britannique a annoncé le 2 mars sur Twitter avoir décidé d’annuler l’évènement.
Parmi les pièces qui auraient dû être présentées à York, un chef-d’œuvre du grand bijoutier Carl Fabergé qui en 1900 a réalisé un œuf de 27 cm en platine, or et argent, coiffé d’émail vert que le tsar Nicolas II a offert à son épouse, la tsarine Alexandra Feodorovna, pour célébrer le développement du Transsibérien. Une carte de la ligne est gravée sur sa surface. A l’intérieur, on y trouve un modèle réduit de Transsibérien constitué d’une locomotive en platine et de son tender, de quatre voitures et du célèbre wagon-chapelle qui permettait au Tsar Nicolas II de prier en traversant son immense empire. Les vitres des voitures sont en cristal. Et ce Transsibérien est mécanique ! Un ressort et un moteur miniature lui permettant de se mouvoir. Il suffit de le remonter avec une petite clé.
Autre pièce particulièrement impressionnante : le panorama mobile signé par Pavel Piasetsky et présenté lors de l’exposition universelle de Paris 1900. Le jury lui attribuant même une médaille d’or. Le panorama résume le voyage de près de 10 000 km effectué par le Transsibérien en un kilomètre de toile, divisé en neuf rouleaux. Mandaté par la direction du chemin de fer transsibérien en 1894, l’artiste a travaillé sur le projet pendant plusieurs années. Après une dispute sur la rétribution de l’artiste, c’est Nicolas II en personne qui doit payer l’aquarelliste. Et c’est également le Tsar qui impose l’œuvre pour qu’elle soit présentée à l’occasion de l’exposition internationale. Les visiteurs auraient pu également découvrir plusieurs maquettes de voitures du mythique train et de nombreux objets provenant de Russie et de Grande-Bretagne réunis pour la première fois. Une multitude de documents complétant la scénographie de l’exposition.
L’exposition devait reposer sur de nombreux prêts venus de Russie, notamment des musées du Kremlin à Moscou, des Archives d’État de la Fédération de Russie, de la Bibliothèque d’État de Russie, du Musée de l’Ermitage et du Musée central des transports ferroviaires de Saint-Pétersbourg, ainsi que du musée des chemins de fer russes. Suite à l’invasion de l’Ukraine, plusieurs évènements culturels liés à l’Etat russe ou présentant des artistes soutenant ouvertement la politique de Vladimir Poutine ont été annulés dans de nombreux pays, notamment en France.
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Cet article est tiré du numéro 3879 de La Vie du Rail.
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