Il y a 30 ans (c’était en novembre 1994), Eurostar lançait les relations Londres – Paris et Londres – Bruxelles. Et alors que Getlink s’apprête à célébrer l’an prochain l’anniversaire de sa filiale Eurotunnel et des liaisons ferroviaires par son tunnel sous la Manche, le constat est assez cruel : sur le marché du transport de voyageurs longue distance entre la Grande-Bretagne et le continent européen, une seule relation durable a été lancée depuis 1994 : Londres – Amsterdam, 25 ans plus tard !
Un tel délai, voire l’absence d’autres nouvelles relations, peut s’expliquer par la prudence des acteurs : « Y a-t-il vraiment un marché ? ». Oui, selon Yann Leriche, DG de Getlink, il existe une demande croissante de mobilité bas-carbone, « Le potentiel est de 3 millions entre Londres et Amsterdam », par exemple. Même si le dirigeant estime pouvoir n’en « prendre qu’un million », à cause des capacités restreintes de la gare centrale d’Amsterdam pour le contrôle des passeports, cette fraction représente quand même de l’ordre de 12 % de la fréquentation totale actuelle des trains à grande vitesse transmanche. Le plein potentiel pourra enfin être atteint en 2025, lorsque la gare centrale d’Amsterdam aura été réaménagée (les travaux sont prévus en 2024, ce qui obligera de suspendre temporairement la liaison avec Londres).
En résumé, Getlink vise un doublement des liaisons à grande vitesse transmanche sous 10 ans. Avec quels exploitants ? « De nouveaux entrants, Evolyn et Heuro, se sont déclarés, et Eurostar – plus Thalys – veut croître », répond le DG de Getlink, qui n’exclut pas d’autres destinations au départ de Londres, en France cette fois : Bordeaux, mais aussi Lyon et Marseille.
Où en est-on ? « Pour Londres – Cologne et Francfort, les sillons sont prêts », assure Yann Leriche, alors que « le travail est en cours » pour les gares et sillons sur les liaisons vers la Suisse. Mais « c’est moins avancé en France ». Toujours est-il qu’Eurotunnel est prêt à soutenir financièrement les lancements de nouvelles relations avec son programme ETICA (Eurotunnel Incentive for Capacity Additions) d’aide complémentaire aux opérateurs, dans le cadre duquel 9 millions d’euros ont été versés à Eurostar pour Londres – Amsterdam. « Cette aide va être augmentée de 20 % et nous nous attendons à dépenser 50 millions d’euros entre 2025 et 2030 pour aider à développer d’autres destinations », annonce le DG de Getlink.
Alors que de nouveaux concurrents puissants potentiels approchent du marché, Getlink intensifie enfin ses efforts positifs.