« La grande vitesse, pour tous, tous les jours » : c’est, résumé en une baseline, le marché visé par Kevin Speed, un projet ferroviaire français (malgré son nom), officialisé en septembre 2021 par Laurent Fourtune, ingénieur passé chez Ile-de-France Mobilités, la RATP et Getlink.
Son crédo : le TGV omnibus, pas cher, pour aller d’une métropole à l’autre en 1h à 1h30.
Trois lignes de 300 km, rayonnant autour de Paris, avec des arrêts rapprochés, dans toutes les gares, pour faire monter à bord une clientèle issue de la classe moyenne – d’où la référence au prénom Kevin très populaire dans les années 1990 – que le télétravail et les prix de l’immobilier éloignent des centres villes.
Des trains à grande vitesse courts, équipés de nombreuses portes faisant des rotations rapides et fréquentes (douze par jour, quatre par conducteur, une minute d’arrêt en gare). Bref, une organisation permettant des tarifs annoncés à trois euros pour 100 km !
Reste à trouver des fonds pour acheter une vingtaine de trains et démarrer cette nouvelle aventure ferroviaire. Les fonds de capital risques ont permis à Laurent Fourtune d’amorcer la pompe, mais pour financer la vingtaine de TGV Alstom (Plus de 30 millions d’euros par rame en moyenne), il lui faut transformer les lettres d’intérêt reçues de la part des investisseurs et des banquiers, en espèces sonnantes et trébuchantes. « Impossible de trouver de financements de trains à grande vitesse en leasing car ces trains ne sont pas interopérables », explique l’opérateur dans un récent communiqué. Pour que l’utopie de Kevin Speed voit le jour, « il faut que SNCF Réseau s’engage à fournir des sillons sur les lignes à desservir (il ne révèle pas lesquelles) pour la durée de l’amortissement des trains, 30 ans, via des accords cadre de longue durée », indique l’entrepreneur qui espère lancer ses TGV du quotidien en 2026. Des accords-cadres voyageurs recommandés par Bruxelles et sur lesquels devrait plancher l’Autorité de régulation des transports.
👉 Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 3919 de La Vie du Rail.
Plus d’actualités et dossiers sur le rail dans La Vie du Rail version papier ou en ligne !
Un beau et créatif rêve de train pour une belle et utile aventure ferroviaire qui ne semble pas impossible du tout. Forza Kevin Speed!
Kevin Speed n’est pas seulement respectueux de l’environnement et des clients/passagers, il est également respectueux des cheminots puisque dans son modèle, ses cheminots seront aussi actionnaires de « la compagnie ferroviairepour répondre aux besoins d’aujourd’hui ».
Kevin Speed (une sorte de RER-GV) aussi innovant qu’ambitieux reposerait sur une application mobile communautaire annoncée comme révolutionnaire. Selon Laurent Fourtune, celle-ci devrait permettre, grâce à une sorte de collaboration entre les employés et les passagers, de créer un train propre et à l’heure, un élément essentiel pour un tel système de navettes à taux de rotation élevé. Les clients devraient ainsi être capables de signaler des défauts de gestion ou des problèmes sur la ligne pour améliorer l’expérience de tous. L’application a aussi une vocation communautaire visant à permettre aux voyageurs extrêmement réguliers d’apprendre à se connaître et éventuellement de covoiturer pour faire le premier ou le dernier kilomètre ensemble.