Dans un contexte de plus en plus international, la conférence mondiale ERTMS a été l’occasion de faire le point sur les différents systèmes de communication et sur l’avancée de l’unification européenne en matière de gestion de la circulation des trains.
«Gérer les investissements à long terme dans la sécurité face à un monde en rapide mutation ». Ainsi était libellé le thème de la douzième conférence mondiale ERTMS, organisée début mars à Bruxelles par l’UIC et Infrabel, le gestionnaire du réseau ferré belge. Sur ce réseau, la couverture ERTMS progresse désormais rapidement et devrait être effective d’ici 2022. Un bon investissement à long terme pour la sécurité, dans un pays marqué par la collision de Buizingen, en février 2010. Mais qu’en serat-il de l’interopérabilité du réseau Infrabel avec ses voisins européens, objectif initial du système ERTMS, avec un « E » pour « European » ? La conférence de Bruxelles a entre autres permis de faire le point sur l’évolution de ce sujet, ainsi que du déploiement et des nouvelles fonctions envisageables, pendant les deux ans qui se sont écoulés depuis la onzième conférence, à Istanbul. Il en ressort que tous les réseaux européens ne sont pas calés sur la même version d’ERTMS.
Pour les uns, il faut déjà s’en tenir à la baseline 2.3.0 d, première version stable et « débuguée » adoptée en 2012. D’autres sont partisans du passage à la version 2 de la baseline 3, adoptée le 10 février dernier et permettant d’intégrer davantage de fonctions. Pour pouvoir emprunter ces réseaux, il faut aussi équiper les trains : vu par la SNCF, cette question n’a rien d’évident pour les matériels les plus anciens, alors que pour la concurrence spécialisée dans le fret international, qui doit investir dans des engins multisystèmes, le déploiement d’ERTMS ne se fait pas assez vite. Mais pour la plupart des gestionnaires d’infrastructures, propriétaires de matériel roulant et équipementiers, il faut plus de « discipline, stabilité et transparence », mots-clés de la table ronde en clôture de la conférence biennale. Ce qui n’interdit pas de poursuivre l’étude de l’ERTMS de demain – ou d’après-demain – en tenant compte des prochains progrès techniques. En commençant par le remplacement à moyen terme du GSM-R, choisi dans les années 1990 pour être le système de communication d’ERTMS. S’il joue contre le GSM-R, le temps joue pour la partie « ETCS » d’ERTMS (voir encadré « ERTMS ou ETCS ? »), vu que les systèmes de sécurité actuels commencent à atteindre leur limite d’âge après une trentaine d’années de service. Si le système est déployé bien moins vite que prévu il y a une quinzaine d’années, l’ETCS offre une solution fiable, expérimentée et standardisée, qui ne dépend pas d’un seul fournisseur pour doter les voies ferrées d’un contrôle de la marche des trains ou pour remplacer les systèmes actuels (appelés « Systèmes de classe B » par les spécialistes).
En niveau 2, voire 3, l’ETCS permet de se passer d’une coûteuse signalisation au sol. Et l’on découvre maintenant des avantages de ce niveau 2, initialement plutôt destiné aux trains à grande vitesse, pour des applications comme les trains de banlieue à fréquence élevée (jusqu’à 30 par heure et par sens), y compris en pilotage automatique (comme Thameslink, à Londres), ou pour les trains de fret, qui grâce au contrôle exercé par l’ETCS bénéficieront de marches plus régulières et économiseront ainsi leurs freins… ainsi que l’énergie nécessaire pour redémarrer ensuite ! C’est le niveau 1 que les plus de 700 participants à la conférence de Bruxelles, venus de 30 pays, ont vu fonctionner sur deux lignes récemment équipées du réseau belge, à l’occasion du voyage d’étude organisé en préambule de la manifestation. Et en prenant congé des congressistes, Jean- Pierre Loubinoux, directeur général de l’UIC, a déclaré que « la prochaine édition ne devrait pas être la 13e conférence ERTMS, mais la première conférence GRTMS », avec un G pour « global ». Vu la rapidité à laquelle se développe le CTCS, version chinoise de l’ETCS, et les succès remportés par ERTMS hors d’Europe, cette déclaration est tout à fait légitime.