Plus question de procéder à de petites réparations sur un réseau ferré dans un piteux état. Cette fois, la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB) a décidé de mettre les bouchées doubles avec un programme radical de rénovations avec des fermetures de ligne. Objectif : permettre à ses trains grandes lignes de retrouver leur ponctualité. En 2002, seulement deux tiers d’entre eux sont arrivés à l’heure, c’est-à-dire avec moins de six minutes de retard.
« La DB a accumulé ces dernières années un tel retard d’investissement que ses trains ne peuvent plus arriver à l’heure », déplore Karl-Peter Naumann, le porte-parole de l’association des usagers du train « Pro Bahn ». L’une des raisons du sous-investissement était le projet d’entrée en bourse, abandonné depuis. « Nous avons besoin d’un nouveau concept de rénovation pour assurer plus de qualité, de ponctualité et de fiabilité sur le réseau », a reconnu lui-même le directeur des infrastructures, Berthold Huber.
Plus question d’intervenir comme avant avec des chantiers qui se succèdent. Cette fois, les lignes seront fermées sur une période de cinq mois pour une rénovation de fond en comble des traverses, du ballast, des voies, des aiguillages, des signaux, des postes d’aiguillage mais aussi des gares. « La DB a déjà testé deux fois une fermeture complète temporaire de tronçons. C’est beaucoup plus efficace », estime Karl-Peter Naumann.
Le plan prévoit d’ici à 2030 la rénovation complète de 40 tronçons d’une longueur total de 4 200 kilomètres. Les travaux débuteront l’année prochaine avec la « Riedbahn » entre Francfort- sur-le-Main et Mannheim, l’une des liaisons ferroviaires les plus fréquentées d’Allemagne. La fermeture est prévue après la fin du Championnat d’Europe de football organisé en été par l’Allemagne. Les tronçons Hambourg-Berlin et Emmerich-Oberhausen suivront en 2025 puis les tronçons Cologne-Hagen, Hambourg-Hanovre, Nuremberg- Regensbourg, Cologne- Dortmund-Hamm en 2027, Würzburg-Nuremberg en 2028, Stuttgart-Ulm en 2029 et Osnabrück-Münster en 2030.
Pour que son plan fonctionne, la DB doit organiser des services de remplacement par bus, un autre défi alors que les entreprises du secteur font face à une pénurie de véhicules et de conducteurs. « Le succès du programme ne dépendra par des chantiers mais du bon fonctionnement des déviations des trains et des services de bus », estime Karl-Peter Naumann, le porte-parole de l’association des usagers du train Pro Bahn.
Le réseau ferroviaire à haute densité en Allemagne couvre actuellement quelque 3 500 kilomètres, ce qui représente 25 de tous les trajets en train dans le pays. Dans les 9 années à venir, DB souhaite étendre le réseau à 9 000 kilomètres. Les travaux ne s’arrêtent pas là, car l’entreprise souhaite également refondre et renforcer le réseau existant.
Selon la DB, l’intensité des utilisations ferroviaires a augmenté de plus de 60 % au cours des 28 dernières années. Cela signifie que l’état des voies, des postes de signalisation, des ponts ferroviaires et des aiguillages s’est détérioré. Sujettes aux pannes, une grande partie de l’équipement et de l’infrastructure devra désormais être renouvelée et remplacée.
A partir de 2024, la DB souhaite entamer le processus de renouvellement des voies, avec autant de travaux prévus en une seule phase pour que des tronçons de certaines lignes ne devront être fermés à la circulation qu’une seule fois. À l’avenir, l’entreprise souhaite également augmenter son investissement annuel dans les maintenances préventives d’un montant à trois chiffres. Enfin, DB investira davantage dans les systèmes de diagnostic afin d’éviter les erreurs système.