Paca. Le nouvel automoteur provençal est arrivé
C’est le premier automoteur AMP 800 commandé par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour les Chemins de fer de la Provence (CP). Arrivé par camions en deux parties, le 30 janvier et le 2 février, aux ateliers CP de Lingostière, il a été présenté sous ses nouvelles couleurs par les responsables de la région ce 12 février. Leur objectif, auquel cet automoteur doit largement contribuer, c’est naturellement d’améliorer les conditions de transport des usagers, en augmentant « très sensiblement » l’offre de sièges et le trafic. Et puis, l’arrivée de ces quatre automoteurs de nouvelle génération doit permettre de « rendre plus confortables les conditions de travail des cheminots, de baisser les coûts de production et, par conséquence, de faire progresser sensiblement l’équilibre financier de l’exploitation ».
Techniquement, cet automoteur est constitué de deux autorails indissociables (X 801/802) d’une puissance totale de 880 kW (1 196 CV). Doté de moteurs « aux dernières normes antipollution », sa vitesse maximale est de 100 km/h et chaque rame dispose de 109 sièges. Elles intègrent des aménagements spécifiques pour les personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, ces automoteurs pourront assurer un service de petite messagerie ainsi que le transport de vélos, ceci grâce à des équipements adaptés.
Globalement, le nouveau venu en région Paca est analogue à ceux de la Corse. Sa livrée spécifique tranche avec le matériel actuel des CP. C’est un double événement puisqu’il s’agit, d’une part, d’un matériel neuf (le dernier reçu datait de 1984) et, d’autre part, d’un acte concret de la région Paca, autorité organisatrice des CP depuis le 1er janvier 2007, pour le renouveau de cette ligne à voie métrique de 151 km unissant Nice à Digne. Quatre automoteurs ont été commandés auprès de CFD Bagnères. Montant de la facture : 20 millions d’euros.
Après l’accouplement des deux caisses et des essais statiques suivra une période de plusieurs mois pour les essais d’endurance et de performance en ligne. La base technique sera à Annot où un abri est en construction. À l’issue de ces tests et après validation, l’automoteur sera engagé commercialement au cours du deuxième semestre de cette année. L’arrivée de ce matériel performant épaulera le parc des sept autorails de 48 places de la série X 300, dont le premier date de 1972. Leur rénovation devrait débuter cette année. L’unique rame (autorail + remorque pilote) Soulé, datant de 1984, victime en juin 2008 d’un incendie, est en cours de reconstruction par un atelier spécialisé. Afin de la remplacer, un autorail et une remorque sont loués à la collectivité territoriale de Corse. La remise en service de la rame Soulé est prévue en janvier 2011.
Les Chemins de fer de Provence sur la voie du renouveau
Rappelons que dans le cadre d’une délégation de service public de 2005, l’exploitant actuel est la Compagnie ferroviaire Sud France (CFSF), filiale de Veolia transport, jusqu’au 30 juin 2013. Vieille de près d’un siècle, l’infrastructure a fait l’objet d’un premier plan de modernisation décidé en 2001 pour un montant de 22 millions d’euros. Il s’agissait, notamment, de sécuriser la ligne et d’augmenter sa capacité. Ce premier plan a été prolongé par un second, plus ambitieux, dans le cadre du contrat de projets 2007-2013. Aujourd’hui, la Région s’apprête donc à investir, avec ses partenaires, conseils généraux et communauté urbaine de Nice, 55 millions sur l’infrastructure. Ce financement servira, entre autres, au renouvellement voie et ballast des 25 premiers kilomètres entre Nice et Plan-du-Var, prévus en fin d’année, et sur 19 km répartis entre Plan-du-Var et Digne, dans un premier temps. La vitesse maximale actuelle sur les meilleures sections est limitée à 85 km/h. Les RVB affectant ces sections permettront les 100 km/h. La sécurité a été améliorée avec la mise en service le 6 avril dernier, entre Nice et Plan-du-Var, du bloc automatique lumineux avec commande centralisée à Nice. B. V.
Bernard VIEU et Pascal GRASSART
Paca, Corse, Tunisie. L’AMG 800 : toute une famille d’engins pour la voie métrique
L’autorail des chemins de fer de Provence fait partie d’une famille où les frères se ressemblent sans être absolument semblables.
Pour le renouvellement du matériel des chemins de fer de la Corse (CFC), à la suite d’un appel d’offres de la Collectivité territoriale de la Corse (CTC), qui est l’autorité organisatrice et propriétaire du réseau, le constructeur CFD Bagnères emporte le marché en 2003 pour la fourniture de neuf automoteurs. Le constructeur propose un engin novateur, sortant résolument des sentiers battus, désigné sous le nom d’« autorail métrique de grande capacité », AMG 800.
Avec plus de 800 kW, 880 pour être exact (1 196 CV), cet automoteur bicaisse de 40 m de long est doté d’un moteur Deutz V 8 de 440 kW par élément, limité volontairement à 100 km/h en service commercial mais capable de grimper en rampe de 30 ‰ à la vitesse de 83 km/h. L’accessibilité est aisée avec, par élément, une large ouverture de 1 300 mm permettant à l’AMG d’emmener 104 passagers dont 16 sur des strapontins. Il dispose d’un W-C accessible aux PMR. Entièrement climatisé, il offre une vue panoramique par ses hautes et larges baies galbées et teintées et dispose aux extrémités d’une salle dont le plancher sur la partie avant est en pente, comme dans un cinéma, améliorant ainsi la visibilité pour 16 passagers. Couplable en unités multiples (UM) jusqu’à trois automoteurs, il offre dans cette configuration 312 places. Chaque travée de deux sièges bénéficie d’une prise 220 V. On le voit, l’AMG n’a pas à rougir face aux standards actuels des TER à voie normale. En 2004, trois automoteurs supplémentaires étaient commandés. Le premier a été livré en juin 2007. Après une période d’essais poussés, la mise en service commercial s’est effectuée sur les CFC le 29 mars 2009.
En 2005, CFD Bagnères accèdait à l’exportation de son AMG 800 grâce à un contrat de dix unités pour le réseau à voie métrique des chemins de fer tunisiens (SNCFT). Désignée par le sigle AMT, cette version SNCFT diffère par une capacité accrue avec 132 places offertes, deux W-C, une vitesse maximale portée à 130 km/h et des baies latérales moins hautes. La première rame a été livrée en mai 2008 et mise en service cinq mois après. Les rames sont engagées sous l’appellation « autorail express » entre Tunis et Sousse puis sur Sfax et Gaâfour.
Bernard VIEU
CFD Bagnères : 26 versions originales
Avec la commande par la région Paca de quatre automoteurs AMP en 2006, dont deux en option (transformée en commande ferme l’année suivante), CFD Bagnères aura décliné 26 fois l’AMG 800. CFD Bagnères, établi à Bagnères-de-Bigorre, est détenu depuis 2008 à 60 % par le constructeur espagnol CAF et 40 % par CFD. Actuellement, ses ateliers construisent, parallèlement aux AMG, des locomotives à voie métrique bimode (électrique – diesel) commandées à 12 unités par la branche fret Euskokargo des chemins de fer basques (Euskotren).
Carte enfant famille. Une nouvelle formule
C’était il y a un an, une vraie polémique née d’une rumeur, celle de la mort annoncée de la Carte famille nombreuse. Face au tollé, Nicolas Sarkozy avait dû monter au créneau. Pour la démentir avant de rebondir en annonçant, en prime, la création de la Carte enfant famille. Sa cible : les familles modestes avec un ou deux enfants de moins de 18 ans, voyageant peu, avec un revenu inférieur à un certain seuil, autrement dit ceux qui ont droit à l’allocation de rentrée scolaire. Des familles qui se trouvaient en dehors des circuits habituels offrant des réductions sur leurs billets. Le premier bilan est positif. En un an, près de 200 000 cartes ont été créées, permettant à plus de 330 000 personnes de voyager. Il y a eu 165 000 voyages effectués avec ces cartes l’été dernier, dont la moitié n’auraient pas été faits sans son existence. Garantissant au minimum 25 % de réduction, elle a permis à plus de 40 % de ses titulaires de bénéficier de réductions oscillant entre 40 et 50 %. « Cela a enclenché une dynamique, même si on en a encore sous le pied », résume le président de la SNCF, Guillaume Pepy, qui précise : « L’objectif n’est pas de faire de l’argent avec cette carte mais de faire gagner au train des parts de marché, en ouvrant l’accès aux familles modestes. » Le potentiel, c’est environ trois millions de familles. En fonction de la convention passée avec l’Etat, deux millions d’euros ont été versés en 2009 à la SNCF.
Aujourd’hui, un dispositif doit rendre sa délivrance plus pratique, tout en réduisant son coût. La carte « nouvelle formule » vient d’être présentée de concert par Nadine Morano, secrétaire d’Etat chargée de la Famille et de la Solidarité, et Guillaume Pepy. Plus besoin de passer par les caisses des allocations familiales, la Mutualité sociale agricole, puis les guichets ou les boutiques SNCF. A partir du 18 avril, la demande se fera sur Internet à partir de www. voyages-sncf.com, sur une page dédiée « Carte enfant famille » où les familles peuvent faire leur demande de bout en bout. Une simplification, mais un passage qui deviendra alors obligé par Internet. La carte, pour 15 euros, devient valable trois ans, au lieu d’un. Soit trois fois moins de frais de dossier.
Pascal GRASSART