A Bordeaux, le quartier de la gare Saint-Jean vit depuis trois ans une véritable métamorphose dans le cadre du programme d’aménagement urbain Bordeaux Atlantique. Destiné à connecter la gare au centre-ville et à la Garonne, ce chantier pharaonique préserve en partie la mémoire ferroviaire et le patrimoine industriel issus de la Compagnie du Midi et de la SNCF. Revue de détails.
Inclus dans l’opération d’intérêt national Bordeaux-Euratlantique, programme d’aménagement urbain, les quartiers Amédée Saint-Germain et Armagnac sont depuis trois ans en pleine transformation. Au pied de la gare Saint-Jean, va se créer une véritable cité au coeur de la ville, avec espaces verts, centre d’affaires, bureaux, logements, commerces et services, sur l’emplacement des anciens ateliers SNCF, de la gare marchandises et de l’ancienne halle Sernam, le tout séparé par le faisceau des voies ferrées.
Evénement majeur : la poussée du tablier du pont de la Palombe, dont les viaducs d’accès sont en construction, et qui sera mis en service cette année. Ce nouveau pont de 200 mètres enjambe les voies et, tout en reliant les deux quartiers, désenclavera le site SNCF situé entre les rails et la rue Saint-Germain.
L’un des buts recherchés est de valoriser un quartier historiquement cheminot aujourd’hui fait de vastes espaces, de friches industrielles inexploitées ou sous-utilisées, en premier lieu les anciens ateliers SNCF qui s’étendaient sur 35 hectares.
Placé au coeur du futur quartier, un monument géant se dresse, constitué d’arcades supportant des citernes (lire petit passage à la suite de cet article). Pour Stéfan de Faÿ, directeur général de Euratlantique, la conservation de ce monument est justifiée à la fois par son passé et son utilité. Il existe en effet un réseau de chaleur urbain. Le monument sera donc réhabilité et entretenu. Il y aura même un « passage des Arcades » et une « place des Citernes » d’une superficie égale à celle de la place du Parlement de Bordeaux.
La mémoire ferroviaire du site va être largement conservée, comme en témoignent les noms créés. Ainsi la « rue de la Compagnie du Midi », dédiée à la circulation douce, reliera le domaine de la SNCF à la gare. La « promenade des Cheminots » traversera le jardin du Sacré- Coeur, et une voie nouvelle dénommée à juste titre « rue des Ateliers » bordera l’îlot côté voies. Du côté Armagnac, toujours en référence aux chemins de fer, on trouve une « promenade des Forges », une « allée de la Pacific » et une « allée Corail » !
Quatre bâtiments industriels remarquables seront conservés eux aussi et abriteront, après restauration, commerces et activités de service. Parmi ceux-ci, la « halle aux briques », appelée ainsi en raison du matériau utilisé pour sa construction. Ce bâtiment abritait autrefois le service électrique des ateliers SNCF. Ces noms de baptême sont une manière d’allier l’Histoire et la modernité.
Par ailleurs, près de deux cents arbres doivent être plantés dans un environnement dépourvu jusque-là de toute présence végétale. Habitat et emplois se mêleront entre jardins et lieux de promenade de ce gigantesque îlot bordé par une ligne de bus desservant le campus. Ainsi, c’est un retour aux sources auquel on assiste puisqu’en 1850, la Compagnie du Midi avait acheté des terrains où vergers, jardins et pièces d’eau côtoyaient des parcelles de vignes autour du château d’Augeard (qui sera démoli pour y installer les ateliers ferroviaires).
Quant à la gare, elle est bien sûr au coeur du programme « Bordeaux Saint-Jean » mené par Euratlantique. Le projet immobilier est de grande ampleur : ouvrir la gare, « l’aérer » en quelque sorte, en la connectant au centre-ville et au fleuve. Une grande artère de 200 mètres de long sur 20 de large, simultanément mail piétonnier à ciel ouvert et axe commerçant, serait entièrement créée pour relier le parvis aux berges de la Garonne. « Aujourd’hui, un voyageur descendant du train ne sait pas où se diriger, en raison de l’exiguïté des lieux » : tel est le sentiment général. « La rue bordelaise » (c’est son nom provisoire) deviendrait alors une véritable porte d’entrée piétonne de la gare vers la cité. Des dizaines d’immeubles devront toutefois être rasés et des rues disparaîtront. Mais cela reste « un projet unique et novateur en France », selon les promoteurs.
Un château d’eau emblématique
Le château d’eau des anciens ateliers ferroviaires de Bordeaux Saint-Jean qui a définitivement fermé ses portes en 1994 va être inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Erigé au cours du second semestre 1854 par la Compagnie du Midi, cette impressionnante construction en pierre de taille (15 m de haut) est formée de quatre arches monumentales dont la vue évoque un tronçon d’aqueduc romain. A son sommet, quatre énormes citernes (de 5 m de haut). L’ensemble avait permis dans un premier temps d’alimenter les locomotives à vapeur garées dans la rotonde située à ses pieds. Quand un nouveau dépôt a été construit plus au sud, ce château d’eau a contribué au fonctionnement de l’usine centrale d’électricité et de vapeur, assurant notamment l’éclairage de l’ensemble des bâtiments et installations de la gare Saint-Jean. Distinguer cette emblématique construction, c’est incontestablement une manière de revaloriser le riche passé ferroviaire des lieux en l’insérant dans un environnement moderne.
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Et pourquoi ne pas penser à construire un magnifique musée national des chemins de fer dans la région tout comme smilar à celui de la « Cité du Train »? Quoi qu’il en soit, on pourrait trouver suffisamment de place et de matériel roulant pour ce projet possible et Bordeaux est une ville ferroviaire beaucoup plus importante que Mulhouse. De plus, avoir un seul grand musée ferroviaire dans le pays ne devrait pas être considéré comme suffisant pour la France! Chère SNCF, vous ne trouvez pas?
Au cours de cette transformation énorme et radicale dans les parages, pourquoi ne pas envisager à construire un magnifique musée national des chemins de fer tout comme similaire à celui de la « Cité du Train »? Quoi qu’il en soit, on pourrait trouver suffisamment de place et de matériel roulant pour ce projet possible et Bordeaux est une ville ferroviaire beaucoup plus importante que Mulhouse. De plus, avoir un seul tel musée dans le pays ne devrait pas être considéré comme suffisant pour la France! Ne pensez-vous pas de cette façon, chère SNCF?