La métropole de Lyon vient de présenter le projet de refonte et d’agrandissement de la Part-Dieu qui fait l’objet d’une enquête publique portant sur cinq permis de construire. L’objectif : accueillir 230 000 voyageurs et usagers dans dix ans, contre 130 000 aujourd’hui.
L’enquête publique sur le futur pôle d’échanges multimodal est lancée jusqu’en novembre, préalable à une modification en profondeur de la gare et des abords. Le train de réforme à plusieurs milliards pour résoudre le « noeud ferroviaire lyonnais » attendra plus tard.
Si la réalisation tient les promesses des dessins d’architectes, alors les Lyonnais verront réellement du changement vers 2022. La gare de la Part- Dieu avec son assemblage d’austères colonnes saumon encadrant une horloge illisible devrait laisser place à une large façade vitrée, une vitrine moderniste symbole de cette « ouverture de la gare sur le quartier » souhaitée par les élus lyonnais et les responsables SNCF.
Traversée d’ouest en est par les voyageurs et les habitants à la lisière de Lyon et Villeurbanne, dans un site urbain dense concentrant le plus grand quartier d’affaires en France après la Défense et le plus grand centre commercial en milieu urbain d’Europe, la gare de la Part- Dieu, première gare de correspondance en Europe, peine à assurer les fonctionnalités de ses débuts en 1983. Prévue pour 35 000 voyageurs par jour, elle en accueille près de 130 000 aujourd’hui, dont 30 000 en transit urbain, et environ 230 000 sont attendus dans dix ans. Au-delà de la seule gare, le pôle d’échanges multi-modal (PEM) concentre chaque jour 500 000 déplacements à pied et 170 000 utilisateurs des transports en commun. « La gare est saturée, elle est au centre d’un projet ambitieux qui consiste à accueillir toutes les mobilités et à organiser et développer l’attractivité économique du quartier de la Part-Dieu », indiquait David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon, lors de la présentation le 5 octobre dernier du projet et de l’enquête publique du PEM Part-Dieu (du 25 septembre au 10 novembre 2017).
Concernant les transports, outre l’ouverture de la gare et la nécessité de répondre à sa fréquentation croissante, le projet doit permettre d’améliorer les connexions entre les modes de transports, de proposer de nouveaux services et commerces, et de fluidifier les flux de voyageurs. Ce dernier objectif reste un vrai point noir malgré deux précédentes rénovations en 1995-2001 et en 2011 : aux heures de pointe aujourd’hui, la gare de la Part- Dieu, c’est l’hallali.
L’enquête publique porte principalement sur cinq permis de construire (PC) de la phase 1 (2017-2023) concernant l’extension de la gare du côté des deux façades actuelles Béraudier et Villette, soit deux PC, qui sera réalisée par SNCF Gares & Connexions ; la construction de la galerie Pompidou et les nouveaux accès aux quais (un PC) par SNCF Réseau ; la création d’un parc de stationnement pour véhicules de location (un PC) par Effia Concessions. Le cinquième PC concerne la construction d’une tour de bureaux-hôtel par Vinci Immobilier.
Parmi les réalisations les plus marquantes de cette phase 1, mentionnons :
– le doublement de la surface de la gare (28 600 m2) grâce à trois nouvelles galeries dans les deux halls principaux (Béraudier- Villette) et celui qui sera créé côté Pompidou. L’ensemble comprendra 10 000 m2 de boutiques avec un réaménagement/ amélioration des services aux voyageurs. Les services clients transférés en galeries permettront d’élargir les couloirs de circulations (+6 mètres). Enfin, des flux réellement facilités. Le nouveau hall Pompidou, avec six accès aux quais, devrait capter 20 % des flux voyageurs.
– la création d’une place basse sur l’actuel parvis Béraudier. Sans doute la réalisation la plus spectaculaire avec la nouvelle façade principale tout en verre, juste en surplomb. On y trouvera une station sécurisée de 1 500 vélos, une station de taxis, des commerces et des accès améliorés au métro. Aux associations cyclistes qui demandent 6 000 places de vélo, David Kimelfeld répond que la station peut être augmentée. La place Béraudier, elle, sera élargie de 37 mètres et déminéralisée grâce à une soixantaine d’arbres.
– la construction de la voie L. C’est la 12e, après la voie K en 2011. Malgré l’espace contraint, la SNCF trouve de la place en estacade et en élargissant des ponts pour cette nouvelle voie de 800 m et un quai de 400 m. Indispensable pour améliorer – un peu – le trafic du noeud ferroviaire lyonnais où « sont perdues 200 000 minutes de circulation », précise Gilles Cheval, directeur régional de SNCF Réseau. Pour les associations de quartier, il faudrait deux ou trois voies supplémentaires.
– l’implantation d’un pôle location voitures sur un seul site (au lieu de trois actuellement) avec un nouveau parking de 721 places (+35 %) et un tunnel de lavage mutualisé pour les agences de location.
– le réaménagement de la place de Francfort, côté Villette. Ce parking-minute no man’s land laissera la place dès l’été 2018 à un espace paysager (90 arbres plantés), avec un parking réduit et une gare routière digne de ce nom avec 11 quais.
– la construction de la tour To- Lyon, par Dominique Perrault. Située sur la place Béraudier, elle est haute de 170 m (42 étages) pour 80 000 m2 de surface en bureaux et un hôtel 4 étoiles de 168 chambres.