La Renfe prépare son arrivée sur la ligne Paris – Londres. La compagnie espagnole de chemins de fer a en effet « engagé les contacts préliminaires pour pouvoir concurrencer » sur cette ligne Eurostar, la filiale à 55 % de la SNCF, a-t- elle indiqué à l’AFP, confirmant une information du quotidien espagnol El Pais du 25 octobre.
« Actuellement, il y a des créneaux disponibles et la capacité d’opérer » sur cet axe, a ajouté la Renfe, en précisant avoir effectué une étude de marché montrant qu’il serait « rentable » pour l’entreprise de faire circuler des trains à grande vitesse.
La ligne à grande vitesse entre Paris et Londres, actuellement exploitée par Eurostar, permet de relier les deux capitales en 2 h 15 via le tunnel sous la Manche, inauguré en 1994. Elle était utilisée avant la pandémie, chaque année, par neuf millions de voyageurs. La compagnie espagnole prévoit d’opérer sur cette ligne avec « son propre matériel », en débutant avec « un minimum de sept trains ». « Dans un second temps, le service pourrait être étendu à de nouvelles destinations françaises et internationales », indique l’entreprise.
Selon la compagnie, l’accès de la Renfe au marché français serait en effet « facilité », car elle bénéficierait du soutien d’Eurotunnel, filiale du groupe Getlink qui gère le tunnel sous la Manche, actuellement « très intéressé par le développement du projet ».
La compagnie espagnole avait annoncé en juillet 2019 sa volonté de se lancer sur le marché français, désormais libéralisé, en faisant rouler des trains à grande vitesse entre Marseille et Lyon. Elle a depuis dénoncé « de nombreux obstacles » contrariant ses velléités.
La décision de la Renfe intervient alors que la SNCF s’est pour sa part lancée sur le marché espagnol, en inaugurant au printemps une ligne à bas coût Ouigo entre Madrid et Barcelone. Le groupe français y a investi quelque 600 millions d’euros.
Cet article est tiré du numéro 3858 de La Vie du Rail.
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Basé à Paris, Getlink (anciennement Groupe Eurotunnel) souligne souvent que le tunnel sous la Manche a toujours offert un accès ouvert aux opérateurs ferroviaires et fournit un itinéraire attractif et bas carbone pour les déplacements et les échanges.
Alors mettez-vous au travail, chère Renfe!
Une décision aussi audacieuse et intelligente de la direction de Renfe soulèverait sûrement la possibilité que des services ferroviaires de voyageurs longue distance puissent à l’avenir être ouverts entre le Royaume-Uni et des villes comme Madrid et Barcelone.
Alors que les voyages s’ouvrent et que la demande des consommateurs pour les voyages en Europe rebondit, les plans proposés par la Renfe afin de concurrencer Eurostar sur les services ferroviaires à grande vitesse entre Paris (Gare du Nord) et Londres (St Pancras International) seront considérés comme un coup de pouce pour les passagers. Cela aura également un impact sur les secteurs du voyage et de la logistique en général avec un meilleur accès aux routes entre le Royaume-Uni et l’Europe.
Cette initiative bien analysée fait partie des plans d’internationalisation de la Renfe, qui vise à garantir que 10% du chiffre d’affaires total de l’entreprise espagnole au cours des 10 prochaines années provienne de l’étranger.
La Renfe n’a pas fixé de date limite afin de démarrer des services puisqu’elle exigerait d’abord l’approbation pour l’utilisation de sa propre flotte de trains à grande vitesse à travers le tunnel sous la Manche [L’opérateur ferroviaire public espagnol utilise déjà la même famille de rames qu’Eurostar, le Siemens Velaro, pour ses services à grande vitesse AVE qui lui donnent de bonnes chances de pouvoir les assumer].