Une nouvelle exposition du London Transport Museum met en lumière le parallèle entre la situation actuelle des métros ukrainiens et celle du métro londonien pendant la Seconde Guerre mondiale. Deux réseaux devenus d’indispensables refuges pour protéger les populations des bombardements ennemis.
Une nouvelle exposition de photographies : Echoes of the Blitz : Underground refuges in Ukraine and London (Echos du Blitz : Refuges souterrain en Ukraine et à Londres) s’est ouverte le 1er mars dernier au Musée des transports de Londres (London Transport Museum). L’évènement a été organisé en association avec N-Ost, une ONG basée à Berlin, dont le but est de favoriser un journalisme de qualité. Ce « Réseau pour l’information sur l’Europe de l’Est » s’est notamment mobilisé pour contrer la propagande russe.
Installé depuis 1980 dans l’ancien marché aux fleurs de Covent Garden, le plus grand musée du monde exclusivement consacré au transport urbain, montre comment les stations de métro et les réseaux deviennent des abris pour les populations civiles pendant les périodes de guerre.
L’exposition présente 70 photographies, dont des images historiques issues des collections du musée, ainsi que 38 clichés contemporains réalisés par six photographes renommés, principalement ukrainiens. Ainsi, Viacheslav Ratynkyi explique : « Le premier jour de l’invasion russe, le 24 février 2022, je suis descendu pour la première fois dans le métro. En écoutant la sirène d’alerte aérienne, j’ai décidé de m’y abriter et d’emporter un appareil photo avec moi pour pouvoir documenter la situation. » La plupart de ces photographes n’étaient pas des reporters de guerre, mais l’agression russe a imposé leurs sujets. Les images des réfugiés des métros ukrainiens font rapidement le tour du monde. Elles rappellent alors beaucoup celles du métro londonien à l’heure du Blitz, la campagne de bombardements de l’armée de l’air allemande sur le Royaume- Uni pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais nous sommes en 2022 à Kiev.
Datant de 1960, le métro de la capitale ukrainienne est le troisième réseau à être mis en service en Union soviétique après ceux de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Il a été construit à une très grande profondeur avec la volonté de faire de ses stations des abris antiatomiques en cas de besoin.
Ainsi, avec des quais situés à 105,5 m sous terre, la station d’Arsenalna est l’une des plus profondes de la planète. Cette station est l’une des 47 que compte le réseau de métro de la capitale ukrainienne à être répertoriée comme abri antiaérien par les autorités de la ville parmi les quelque 3 000 recensés.
Dans la deuxième ville du pays, à Kharkiv, particulièrement éprouvée par l’offensive de l’armée russe, le réseau de métro sert également d’abri aux civils. Mais, celui-ci n’est pas construit très en profondeur comme la plupart des réseaux hérités de l’Union soviétique. Une nappe phréatique avait obligé ses concepteurs à le construire proche de la surface (entre 9 et 20 m).
Dans ces réseaux souterrains, des familles ukrainiennes ont pris place sur des matelas en mousse, au milieu des valises et des sacs plastiques. Elles se protègent ainsi des bombardements de l’armée russe qui touchent alors la capitale ukrainienne et plusieurs villes dans tout le pays.
Plus de 80 auparavant, la capitale britannique a vécu quotidiennement ces mêmes scènes. En septembre 1940, les premiers bombardiers allemands arrivent dans le ciel londonien, le Blitz débute. En absence d’abri, les habitants se réfugient dans leur métro. Plus de 75 000 personnes y trouvent refuge tous les soirs, une véritable vie s’y organise et on parlera ensuite « d’esprit du Blitz ». Un esprit qui semble également avoir touché les réseaux ukrainiens.