La RATP et les Éditions Actes Sud ont publié le 9 novembre dernier un beau livre qui retrace en photos l’aventure du métropolitain parisien, de sa construction – donnant à voir un Paris éventré – à nous jours. Parmi ces clichés, certains sont l’oeuvre de grands noms de la photo de Doisneau à Brassaï, en passant par Cartier-Bresson, Capa ou plus récemment Depardon, mais également d’amateurs, d’illustres inconnus qui ont promené dans le réseau leur appareil, documentant ce réseau de transport en commun qui a boulversé la capitale. En tout, Métro Paris Photo rassemble 324 photographies qui nous emmènent dans les entrailles de la cité, mais également à sa surface, nous permettant de retrouver un Paris différent, un Paris populaire et vivant, un Paris disparu.
La romancière Anne-Marie Garat (Eden (1992), Dans la main du diable (2006), L’Enfant des ténèbres (2008), Pense à demain (2010)) introduit ce livre. Les images sont commentées par l’historien de la photographie Julien Faure-Conorton, qui nous fournit les éléments pour comprendre le contexte dans lequel ont été pris ces clichés. Organisées chronologiquement, les photos sont classées par période de 20 ans. Anne- Marie Garat prévient le lecteur d’emblée sur la portée de cet ouvrage : « La photo s’y confronte, interrogeant l’étrangeté familière de cet espace par définition transitoire, où passe le temps bref du transport, celui long de l’histoire, monde de profondeurs et de surfaces, de la nuit et de la lumière – le langage même de la photo –, peuplé de présences en surnombre et de fantômes solitaires, lieu par excellence du hasard, des flux, des collisions et des glissements de foules anonymes, circulation des fièvres, des désirs électriques dans la promiscuité, le brassage populaire du travail comme du loisir, douceurs et brutalités des matières, des corps, des regards, un vecteur des destins inconnus canalisés, égarés et retrouvés au gré des correspondances ; une gigantesque métaphore poétique en même temps qu’une archive exemplaire d’un pan de l’histoire urbaine. » Lorsque débute le chantier du métropolitain, la photographie existe déjà depuis plus de 50 ans.
Les dernières avancées technologiques simplifient grandement le procédé et permettent la miniaturisation du matériel. Les appareils entrent dans les stations, dans les voitures, dans les tunnels et même dans les ateliers, où les ouvriers s’attellent à maintenir en état le matériel roulant. Les regards se multiplient et nous offrent, 116 ans après son ouverture, toute la complexité d’un moyen de transport qui a révolutionné la capitale, comme la vie de ses habitants. Un livre qui intéressera autant les passionnés du rail que les nostalgiques d’un Paris oublié. Métro. Paris. Photo. par Anne-Marie Garrat et Julien Faure-Conorton. Ediitons Actes Sud. Prix : 49 euros.