Avec le changement de service du 14 décembre dernier, l’opérateur historique belge B-Cargo déploie une nouvelle stratégie en France. Pour les trains qu’il commercialise, il abandonne progressivement le partenaire Fret SNCF, au profit du premier opérateur privé français Euro Cargo Rail (ECR). La SNCB travaillait déjà avec la filiale d’EWS, désormais dans le giron de DB Schenker Rail, pour des opérations au sol sur des trains exploités en open access.
Le partenariat concerne des trafics longue distance de et vers l’Hexagone, ainsi que les flux de transit de et vers la péninsule ibérique. Ce rapprochement s’inscrit pleinement dans la stratégie menée par l’opérateur depuis 2003. L’un des trois axes est en effet d’être « gestionnaire de corridors ». En outre, face à la montée de la concurrence intramodale, Marc Descheemaecker, administrateur délégué de la SNCB, estime qu’« il n’est pas illogique qu’on se retrouve en Belgique à environ 80 % de parts de marché comme l’opérateur historique en Allemagne. Par conséquent, nous devons gagner des parts en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. Nous sommes condamnés à chercher l’expansion à l’extérieur », selon des propos tenus en novembre 2008 à la tribune du Cercle de Lorraine et repris par la Libre Belgique. L’objectif global est d’accroître le chiffre d’affaires de 25 % entre 2007 (800 millions d’euros répartis de la façon suivante : B-Cargo 45 %, le groupe IFB-TRW 25 %, le groupe Xpedys 30 %) et 2012-2013, ainsi que de passer à un résultat net positif supérieur à 50 millions d’euros. Le corridor France complète ainsi le dispositif de partenariats prôné par la SNCB pour gérer les axes internationaux. La démarche a été inaugurée en 2006 par la mise en œuvre de la société de production commune Sibelit (B-Cargo, Fret SNCF, CFF Cargo et CFL) sur l’axe reliant Anvers à la Suisse et l’Italie via l’Athus-Meuse. Afin d’optimiser l’exploitation du trafic belgo-allemand (en particulier port d’Anvers-Ruhr), une société de production, du même acabit, se met en place depuis le dernier changement de service. Associant la DB et B-Cargo, Cobra (Corridor Operations B-Cargo Railion) devrait être officiellement créé au printemps prochain. Sur l’échiquier ferroviaire européen, la SNCB a ainsi choisi de se rapprocher de la DB. Mais pas question de « se laisser avaler », souligne Marc Descheemaecker.
Laurent CHARLIER