Après une tournée triomphale à travers le Royaume-Uni, accomplie dans le cadre des célébrations de son centenaire, la locomotive du célèbre Flying Scotsman va de nouveau être exposée au public. Avant de reprendre ses circulations en septembre 2024.

Train à vapeur mythique, le Flying Scotsman a parcouru plus de 16 000 kilomètres à travers le Royaume-Uni dans le cadre des célébrations de son centenaire. C’est donc d’un repos bien mérité que l’antique matériel profitera en ce début d’année en étant exposée au National Railway Museum de York. Ce train, surnommé le Flying Scotsman, a donné son nom à la locomotive. Depuis le 26 janvier, et encore jusqu’à l’été, la machine est présentée à l’occasion de l’exposition Flying Scotsman Story (L’histoire de la Flying Scotsman). Les visiteurs peuvent admirer la machine gratuitement. Elle sera ensuite exposée à Locomotion, l’annexe du musée national ferroviaire britannique à Shildon. Un appel d’offres pour désigner le prochain « gardien » de la Flying Scotsman, qui sera chargé d’exploiter et d’entretenir la locomotive sera lancé dans les prochaines semaines. Il devrait être attribué à la fin du printemps 2024. Une fois le « gardien » nommé, la locomotive doit reprendre son programme de tournées ferroviaires à l’automne.

La Flying Scotsman est un fleuron de l’histoire ferroviaire et industrielle britannique. Cette imposante locomotive de 97 tonnes est née en 1923 dans les ateliers de Doncaster, dans le Yorkshire du Sud. À l’époque, les chemins de fer britanniques viennent d’être organisés en quatre compagnies (GWR, LMS, LNER et SR).

Conçue par Sir Nigel Gresley, ingénieur en chef de la London and North Eastern Railway (LNER), cette Pacific est la première locomotive à vapeur de la LNER. Elle assurait la traction des trains express interurbains du réseau LNER et de ses successeurs, notamment sur le service de 10 h 00 qui reliait Londres à Édimbourg. Cette locomotive reprenait toutes les innovations de son temps et permettait, à partir de 1928 et l’ajout d’un nouveau tender équipé d’un couloir, de parcourir sans interruption les 632 km qui séparaient Londres d’Édimbourg, un record mondial à l’époque.

Deux équipes de conduite pouvaient ainsi se relayer au milieu du trajet. La prise d’eau pouvait également s’effectuer en marche. Un petit miracle ferroviaire accompli le 1er mai 1928, réduisant la durée du voyage entre Londres et Édimbourg à huit heures. La locomotive est devenue très tôt célèbre en Grande-Bretagne, mais également ailleurs sur la planète. Présentée à l’occasion de l’Exposition de l’Empire britannique de 1924, elle participe au cours de son histoire à de nombreux événements publicitaires pour la LNER. En 1934, nouveau record. La Scotsman atteint les 100 miles par heure (plus de 160 km/h) lors d’un essai spécial. Le test a prouvé aux administrateurs du LNER que la vapeur pouvait fournir des vitesses élevées, annulant un plan de l’entreprise visant à utiliser l’énergie diesel sur ses services à grande vitesse.

La réputation de machine fiable, polyvalente et puissante qui colle aux Pacific a été renforcée par leurs performances pendant la seconde guerre mondiale. Après la guerre, la machine est modernisée. En 1947, la locomotive est convertie en classe A3 par les ingénieurs de la LNER. Les locomotives créées par Sir Nigel Gresley restent en service jusque dans les années soixante, entretenant une réputation de performance, de fiabilité et de solidité. La Flying Scotsman continue à arpenter les rails britanniques jusqu’en 1963.

En janvier 1963, elle est achetée par Alan Pegler, un homme d’affaires très investi dans la protection du patrimoine ferroviaire. La retraite de ce vieux matériel roulant ne sera pas de tout repos, puisqu’il a traversé les océans pendant 40 ans, effectuant des tournées aux États- Unis et en Australie, où d’ailleurs il réalise encore une prouesse quand il bat, sur les rails de la Nouvelle-Galles du Sud, le record d’endurance à vapeur en accomplissant un parcours de 680 km en 9 h 25.

Ces nombreux voyages dans le monde anglo-saxon permettent à la locomotive de devenir un mythe qui symbolise toute l’inventivité et les promesses de progrès de la révolution industrielle. Revenue en Grande-Bretagne en 2004, elle a été complètement rénovée. Depuis, elle fait partie de la collection du musée national des Chemins de fer d’York qui l’a rachetée à son retour au pays, notamment grâce à des donations et des fonds privés. Le National Heritage Memorial Fund lui a ainsi consenti une subvention de 1,8 million de livres sterling (près de 2,1 millions d’euros) grâce à la mobilisation du grand public. Sa restauration a également été achevée avec l’aide d’une subvention du Heritage Lottery Fund de 275 000 livres (318 000 euros). Aujourd’hui, la Flying Scotsman constitue un patrimoine ferroviaire unique, notamment parce qu’elle est encore capable de s’évader des musées et d’accomplir sa mission première : avaler des kilomètres de rail.

Plus d’informations sur www.railwaymuseum. org.uk/