La série documentaire d’Arte Un billet de train pour… pose ses valises au Vietnam. L’occasion de monter à bord d’un train qui fait l’unité d’un pays : le « train de la réunification ».
C’est à Hanoï que débute ce voyage ferroviaire de la série documentaire d’Arte Un billet de train pour… Sur la place Ba Dinh, au coeur de la capitale du Vietnam, des soldats lèvent les couleurs du pays dans un cérémonial savamment orchestré. Bientôt, le drapeau rouge à l’étoile jaune flotte au vent alors que retentit l’hymne national à l’endroit même où Ho Chi Minh, le père de la nation, proclamait l’indépendance de la République démocratique du Vietnam le 2 septembre 1945. Mais, il faudra plus de trois décennies d’une guerre totale avant de jouir pleinement de cette indépendance qui ne surviendra qu’en 1976. Alors que le pays a été divisé par la guerre d’indépendance en deux entités ennemies pendant plus de 20 ans, sa réunification passe par la reconstruction d’une ligne de chemin de fer.
Cet axe ferroviaire constitue l’épine dorsale du réseau ferré vietnamien. De Hanoi à Ho Chi Minh-Ville, la voie ferrée dessert la plupart des grands centres urbains du pays, de Da Nang à Hué, en passant par Nah Trang et Dong Hoi. Le réseau vietnamien, à voie métrique, est un héritage de la colonisation française. Dès 1895, le projet de la création d’un réseau Transindochinois germe dans les cercles politiques coloniaux. Les 1 726 km de la ligne sont mis en service en 1936. 1 000 des 1 334 ponts et 27 tunnels qui permettaient aux trains de circuler ont dû être reconstruits après des décennies de guerre. En tout, 80 % de l’infrastructure a subi des dommages. Malgré les difficultés et l’ampleur du chantier, l’Express de la réunification a effectué son premier voyage à peine 20 mois après le denier coup de feu de la guerre du Vietnam, survenu en 1975. Depuis, il symbolise l’unité et l’indépendance du pays. Et, accessoirement, il permet de découvrir l’incroyable beauté de son littoral et de partir à la rencontre de ses habitants. Un voyage qui s’effectue tout de même en quelque 32 heures… La voie métrique héritée des Français a donné un surnom au train : le TGV, le « train à grande vibration ».
Le documentaire s’arrête à un passage à niveau en compagnie du garde-barrière qui en a la charge. A Hanoi, le train circule dans un tissu urbain particulièrement dense et frôle les immeubles et leurs habitants, créant même une attraction touristique devenue célèbre. On y rencontre une gérante de café qui assure la sécurité de ses clients à chaque passage de train.
A bord de celui-ci, nous faisons la connaissance d’un vétéran de la guerre, dont la famille a reçu quatre fois l’avis de décès et qui a pourtant survécu. Pendant des années, il a parcouru le pays à bord du train et traversé la ligne de démarcation posée sur le 17e parallèle.
Pour la première étape de ce périple ferroviaire, nous visitons la réserve de Trang An, fondée par un primatologue allemand en 1993 dans la province de Ninh Binh. Au sein de ce centre de sauvetage des primates en voie de disparition, trois espèces de langur sont particulièrement protégées.
Après plus de 700 km de voyage, le train marque l’arrêt à Hué, l’ancienne capitale impériale et le lieu où la culture vietnamienne est jalousement préservée, notamment la danse classique.
Retour à bord de l’express, où nous rencontrons le chef qui officie dans la petite cuisine du train. Les repas sont ensuite distribués par le contrôleur, qui enfile un tablier pour l’occasion.
Le voyage se poursuit le long de la plus grande lagune d’eau saumâtre d’Asie du Sud-Est, la lagune de Tam Giang. Le documentaire se poursuit par un détour au « col des Nuages », haut lieu du tourisme local, auquel on accède après 21 kilomètres de routes sinueuses au bord de la mer de Chine.
Nous quittons ensuite le train pour effectuer un tour autour de Dalat avec un club de motards pas comme les autres. De style Art déco, la gare de Dalat est l’une des plus belles d’Asie. OEuvre des architectes français Reveron et Moncet, elle a des allures de cottage anglo-normand et s’inspire de la gare de Trouville-Deauville ! La ligne Dalat – Phan Rang-Thap Cham, longue de 84 km, qui fut construite à l’époque coloniale dans les années 1930 par la Compagnie des chemins de fer de l’Indochine (CFI), dans la province de Ninh Thuan, est à l’abandon depuis la fin de la guerre. Ce train à crémaillère permettait aux colons français d’aller se rafraichir en altitude. Depuis les années 1990, une section de 7 km, non loin du village de Trai Mat, est rouverte comme attraction touristique. On y rencontre le tout dernier mécanicien à avoir officié sur une locomotive à vapeur du pays. L’ultime voyage a été effectué en 2016.
Enfin, avec seulement 20 minutes de retard, le train arrive en gare de Hô Chi Minh-Ville, son terminus. La grande métropole du sud – capitale économique du pays –, concilie son héritage colonial, visible notamment dans le bureau de poste central construit entre 1886 et 1891, et une modernité échevelée, qui se traduit dans ses buildings toujours plus nombreux.
>> Mardi 30 janvier à 12 h 25 sur Arte. Un billet de train pour… Le Vietnam d’Alexander Schweitzer. ARTE/SWR. Allemagne. (2022)
