Netflix diffuse sur sa plateforme un documentaire sur les chemins de fer cubains. L’occasion de découvrir l’incroyable inventivité des cheminots locaux, parvenant à faire circuler des trains dans le plus grand des dénuements.
Ian Wright met toute sa gouaille british et son enthousiasme au service du voyage ferroviaire dans la série documentaire Rough Trains, dont Netflix diffuse actuellement sur sa plateforme l’épisode consacré aux chemins de fer cubains.
C’est à Cuba – alors colonie espagnole – que la première ligne de chemin de fer de l’Empire et de toute l’Amérique latine est mise en service en juillet 1837. Déjà à cette époque, elle est construite pour acheminer la canne à sucre jusqu’à la côte. Ensuite, le réseau s’est développé sous l’impulsion des compagnies privées qui exploitent alors la canne à sucre, mais également le café et le cuivre. Cuba est alors le plus grand exportateur du sucre du monde.
Près de la capitale La Havane, Ian emprunte la ligne historique Hershey. Construite dans les années 1920 pour faciliter les exportations de l’immense sucrerie du célèbre fabricant de chocolat américain, elle est aujourd’hui l’unique chemin de fer électrifié de Cuba. Puis, il monte à bord d’un train longue distance et parcourt le trajet entre La Havane et Santa Clara à une vitesse moyenne de 50 km/h. Mais, le train tombe en panne en cours de route et reste à l’arrêt pendant six heures avant de reprendre sa route.
Les passagers cubains sont habitués à ce genre d’incidents et connaissent les difficultés rencontrées par les cheminots. Depuis la révolution menée par Fidel Castro et Che Guevara, et la chute du régime de Fulgencio Batista le 1er janvier 1959, l’île subit un embargo mis en place par les Etats-Unis. La chute de l’Union soviétique en 1991 – principal soutien du régime castriste – a également joué un rôle dans les difficultés du rail cubain. Résultat : les cheminots cubains doivent faire preuve d’une inventivité à toute épreuve pour parvenir à faire rouler leurs trains. Quand une pièce est cassée, ils n’ont d’autres choix que de la reproduire avec les moyens du bord. À Santa Clara, Ian visite le site où les wagons d’un train blindé envoyé par le général Batista sont préservés près de la voie ferrée. A l’aide d’une pelleteuse, les rebelles ont saboté la voie provoquant le déraillement du convoi à la fin du mois de décembre 1958. Une vingtaine de guérilleros parvenant à mettre en fuite plus de 400 soldats gouvernementaux. Le dictateur honni quitte alors le pays pour se réfugier à Saint-Domingue.
Le présentateur se rend ensuite à l’extérieur de Cienfuegos et visite une sucrerie encore en activité pour voir comment de vieilles locomotives soviétiques sont utilisées pour acheminer la canne à sucre des champs. Des motrices soviétiques M62 produites entre 1965 et 1980 dans les usines Révolution d’Octobre de Lougansk en Ukraine ont effet été exportées vers l’île caribéenne. Aujourd’hui, elles circulent toujours sur la ligne de chemin de fer à voie étroite construite dans les années 1880. Régulièrement des wagons déraillent… Puis, Ian Wright prend une voiture pour aller jusqu’à la ville historique de Trinidad, car la voie ferrée menant à la ville n’a pas été réparée depuis qu’un ouragan a détruit un pont ferroviaire il y a une vingtaine d’années. Fondée il y a plus de 500 ans, Trinidad s’est enrichie grâce au sucre et à l’esclavage. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la cité est merveilleusement bien préservée. Le Britannique fait un tour à bord du train touristique circulant désormais sur la ligne qui transportait autrefois le sucre raffiné jusqu’au port local. Il profite à fond d’un bar qui propose à bord du train de nombreux cocktails au rhum. Au retour, le train est retardé par des travaux de maintenance sur un pont en mauvais état…
En route vers la petite ville de Moron, Ian Wright visite le dépôt de maintenance des trains où toute la flotte cubaine de locomotives diesel construites aux États- Unis avant la Révolution dans les années 1950 est entretenue et réparée. De Moron, il se dirige vers la ville voisine de Ciego de Avila, sur un chemin de fer unique à Cuba, qui a été construit non pas pour l’industrie sucrière, mais pour des raisons militaires. La ligne La Trocha a été réalisée par les Espagnols dans les années 1870, pendant les guerres d’indépendance de Cuba, afin de de freiner l’avancée des troupes rebelles. Cette ligne de défense prétendument imprenable, n’a pas tenu face à la détermination des Cubains et l’île est devenue indépendante par le traité de Paris signé en 1898.
Enfin, le présentateur finit son périple ferroviaire par une promenade à travers les champs de canne à sucre, installé à l’avant d’une antique locomotive à vapeur construite aux États-Unis datant des années 1920, et magnifiquement préservée.
A voir sur Netflix. Rough Trains – Cuba’s Sugar Trains présenté par Ian Wright. (2016)