Diffusé en juin 2023, cet épisode de l’émission Arte Regards est consacré aux quelque 9 000 femmes qui travaillent pour les Ukrzaliznytsia (UZ), les chemins de fer ukrainiens. Il est maintenant accessible sur le site de la chaîne franco- allemande Arte.tv. L’équipe nous permet de rencontrer quelques-unes de ces femmes qui conduisent les trains, accompagnent les voyageurs, réparent le matériel roulant, assurent la sécurité. Elles racontent leur métier, leur passion pour les chemins de fer, leurs relations avec leurs collègues masculins ou leur désir de paix, alors que le pays subit l’agression de l’armée russe depuis le 24 février 2022. Au péril de leur vie, elles permettent au transport ferroviaire de fonctionner dans un pays en guerre.
Le reportage débute en gare de Kiev, où quatre hommes d’Etat étrangers effectuent un voyage diplomatique pour commémorer le massacre de Boutcha, qui s’est déroulé entre les 27 février et 31 mars 2022. Nous rencontrons Nadia qui, à la tête de son équipe de contrôleuse, accompagne les dignitaires étrangers. Consciente de l’importance historique de ce type de voyage protocolaire, elle explique son travail. Tout comme, Antonina qui vient d’effectuer un service de trois jours pour assurer le déplacement de la présidente moldave, Maia Sandu. Elle nous fait visiter la voiture qui a accueilli une partie de la délégation. On découvre également la voiture qui accueille les chefs d’Etat ou les VIP dans le plus grand des conforts. Une autre contrôleuse, Tatiana, une carrière longue de 19 ans aux UZ, a choisi ce métier parce qu’elle aime les voyages et les contacts humains.
Au guichet de la gare de Kiev, Valentina nous raconte la pagaille qui régnait dans les halls et sur les quais le jour où la guerre a éclaté, le 24 février 2022. Les passagers pouvaient monter à bord sans ticket. Puis, surviennent les premiers bombardements, les premières explosions…
Nous accompagnons Victoria dans la cabine de conduite d’un train en partance. Elle est une des rares assistantes conductrices de train en Ukraine, où, comme ailleurs, ce métier est le plus souvent l’apanage des hommes. Embauchée en 2021 après quatre études, elle espère bien gravir les échelons et prendre un jour les commandes.
En Ukraine, plus de 80 % des marchandises sont acheminées par le train. Avec la fermeture de l’espace aérien et des ports du pays, le train est essentiel pour l’économie du pays. Nous visitons une usine dans le district de Darnitsa où la maintenance des wagons de fret est assurée. Touchés par quatre missiles russes le 5 juin 2022, les bâtiments ont subi d’importants dommages, mais l’activité a pu tout de même reprendre, dans l’unique atelier encore debout. L’usine emploie près de 600 personnes, dont Ludmila, responsable de la réparation des roues et des essieux, qui travaille ici depuis 1992. Au départ, elle était grutière. Aujourd’hui, elle a 50 personnes sous sa responsabilité et est devenue essentielle au bon fonctionnement de l’usine. Dans l’aciérie, nous rencontrons Anna qui est devenue grutière à 18 ans et qui, depuis, n’a quasiment jamais quitté son poste, à l’exception de trois années pour élever ses deux enfants. Aujourd’hui, elle pourrait être à la retraite depuis longtemps, mais, passionnée par son métier, elle ne se voit pas quitter l’aciérie.
A 50 km au nord-ouest de Kiev, Borodyanka a été particulièrement touché par les bombardements russes. Nous y rencontrons Olena, garde-barrière responsable d’un passage à niveau depuis 2012. Ce métier est aujourd’hui majoritairement occupé par des femmes. Pour assurer la sécurité des trains et celles des véhicules qui traversent la voie ferrée, elle touche 200 euros par mois.
Le rail est plus que jamais au centre du conflit pour assurer la continuité des lignes logistiques des deux camps, faire parvenir l’aide humanitaire, permettre l’évacuation des civils. Sur les huit millions d’Ukrainiens qui ont fui le pays, la moitié y est parvenue grâce au train. Audelà, la permanence du service ferroviaire est éminemment politique et symbolique : faire circuler des trains, c’est maîtriser le territoire. L’armée russe a fait des infrastructures ferroviaires ukrainiennes une cible prioritaire. Son artillerie et son aviation visent les installations, dépôts, gares, centres de maintenance… Les Ukrainiens procèdent le plus rapidement possible aux réparations. Une course contre la montre s’engage à chaque destruction. La petite maison de la garde-barrière, endommagée par une frappe d’artillerie, a été rapidement réparée dès que la ville a été libérée. Afin de faire circuler le plus rapidement possible des trains si importants pour le pays.
>> A voir sur Arte.tv ARTE Regards – Les cheminotes ukrainiennes, héroïnes du rail. Allemagne. (2022)
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