Afin de conserver un patrimoine industriel et historique exceptionnel que constitue la locomotive 231 K 82 qui tractait autrefois la Flèche d’Or pour relier Calais et Paris, le Conservatoire Ferroviaire Territoires Limousin Périgord a lancé un appel aux dons, relayé par la Fondation du patrimoine. Explications.
C’est une locomotive de légende qui va être restaurée si l’appel est entendu… La 231 K 82, qui tractait le non moins légendaire train la Flèche d’Or entre Calais et Paris, est l’un des trois exemplaires qui subsistent aujourd’hui dans le monde… et l’unique exemplaire de ce type en France. Heureusement pour les défenseurs du patrimoine, la locomotive et son tender font l’objet d’un appel aux dons, lancé par le Conservatoire Ferroviaire Territoires Limousin Périgord (CFTLP) le 22 novembre dernier. En effet, la 231 K 82 a une histoire toute particulière, qui touche de près les adhérents de l’association. « Mon père a été le dernier conducteur titulaire de la locomotive, alors qu’elle tirait la Flèche d’Or », expliquait avec émotion Jacques Gauchet, membre actif du CFTLP, lors du lancement officiel de cet appel aux dons adressé aux entreprises et aux particuliers, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, première institution de défense du patrimoine. Aux côtés de Michel Boutrelle, président du CFTLP, et des membres de l’association, on notait la présence de François Vielliard, responsable SNCF Patrimoine, et du délégué départemental de la Fondation du Patrimoine, admiratifs de ce patrimoine industriel et historique exceptionnel. Quant à Jacques Gauchet ainsi que ses deux frères, Jean-Claude et Patrick, ils étaient fiers de présenter « la machine à Papa » comme ils la surnomment avec tendresse et humour.
En proposant des circulations de trains touristiques avec les locomotives 141 TD 740 et 140 C 38 (vue dans la série TV Un village français avec Robin Renucci, les films Les Gardiennes avec Nathalie Baye et Laura Smet et Un Amour impossible avec Virginie Effira) toutes deux restaurées par l’association et qui séduisent des milliers de voyageurs chaque année, le CFTLP contribue activement à la mise en valeur du patrimoine régional et national et à la sauvegarde d’un savoir- faire unique en son genre. Pour cela, la centaine de bénévoles s’investissent plus de 5 000 heures par an. Restaurer cette troisième locomotive à vapeur emblématique de la grande époque de la traction vapeur est un nouveau défi pour l’association.
Et quel pedigree… La 231 K 82 a été construite en 1920 par la Société Alsacienne de Construction Mécanique (SACM) de Belfort. Avec une puissance de 1 693 kW pour une masse de 176 tonnes, elle pouvait atteindre les 120 km/h. Elle fut la dernière locomotive à vapeur à avoir tracté la Flèche d’Or, train direct entre Paris et Londres via Calais. Elle est le symbole de la liaison ferroviaire entre la France et l’Angleterre et ce, bien avant le percement du tunnel sous la Manche… Confiée au CFTLP par la SNCF qui en reste propriétaire, elle doit retrouver son lustre d’antan et circuler à nouveau.
Première tranche des travaux : restauration du train de roulement, expertise et révision des essieux et du châssis de la locomotive et de son tender. Ensuite, révision de la chaudière, du mécanisme moteur et du reste des équipements. Une enveloppe de 124 000 € est nécessaire. « Il faudrait par exemple 1 000 dons de 100 € chacun, ce qui reviendrait à 34 € par donateur, après déduction fiscale de 66 % du montant du don. Pour cela, la Fondation du patrimoine transmet un reçu fiscal. » Pour l’anecdote, la 231 K 82 fut reproduite à l’échelle HO (réduction du 1/87) à partir de 1973 jusqu’à la fin des années 1990 par la célèbre firme française de trains électriques Jouef.
Contact : CFTLP, cftlp@laposte.net
Pour faire un don : www.fondation-patrimoine.org/62947
Encore un rare et exceptionnel bijou de camaraderie du patrimoine ferroviaire [la 231 K 82] qui n’est pas tombé miraculeusement dans les mains des ferrailleurs! Bravo et bon courage à tous les adhérents du « CFTLP » dans leur mission difficile mais réalisable! Heureusement que les associations des amis du rail sensibles et bénévoles comme la leur existent en France et ailleurs!
Ceux qui acceptent de perdre (et pas ceux qui perdent) ne sont jamais aimés dans l’univers ferroviaire combatif. Même cette réalité familière seule devrait être une raison de motivation suffisamment forte pour ramener la chère 231 K 82 (qui ressemble véritablement à un majestueux monument historique) sur les rails après un processus de résurrection radicale.